Ce n’est pas le défi qui a de valeur en soi, mais la manière d’agir face à ce défi.
Un combat de tous les jours : extrait du chapitre 24 :
Un matin, nous avions discuté avec un couple qui passait le week-end en chambre d’hôtes, à la maison. Lui était là pour le triathlon d’Albi. Nous en avions parlé et, bien évidemment, avions glissé vers le sujet de mon handicap.
« Vous savez, j’ai un ami avec qui je m’entraîne, qui a fait également un AVC… Il n’a jamais autant récupéré que quand il est remonté sur son vélo ! » m’avait-il dit.
Une phrase clé que j’ai encore gravée dans ma tête, comme dans du marbre. Le genre de phrase qui vous galvanise pour aller de l’avant. Résultat : dès le lendemain, je pris un vélo afin de tenter quelques cercles dans la cour. Je fixai même la caméra d’épaule sur son pied, pour que Corinne filme cet événement, dans le cadre du court métrage que je comptais présenter au festival « Métiers et handicap ». D’ailleurs, cette séquence montre la difficulté que j’avais à monter sur la selle du vélo. Je voulais la supprimer au montage, mais Corinne m’en avait dissuadé. Elle m’avait convaincu en me disant qu’il fallait montrer la réalité et, donc, ce type de difficulté.
Après avoir baissé la selle pour me faciliter le démarrage, Corinne fut surprise de me voir non seulement traverser la cour, mais, en plus, franchir le pas du portail puis entamer l’accès au chemin communal. Elle fut rassurée en me voyant entamer un virage pour opérer un demi-tour. Mais en effectuant cette manœuvre, je quittai son cadre visuel. Au même moment, elle entendit un râle puis une myriade de mots doux émis par ma voix qui venait de retrouver une ampleur de ténor. En réalité, l’accès au chemin communal était en légère pente et, pour une raison qui m’est encore inconnue, je dus stopper le vélo en pleine manœuvre. Or, lorsque l’on stoppe un vélo, instinctivement, on met un pied à terre. Malheureusement, je mis le mauvais pied à terre et je n’avais pas encore suffisamment de tonus pour maintenir l’équilibre. Le râle correspondait à la chute et les mots doux au constat de cette chute. Je pense que Corinne avait réalisé un bon « départ arrêté » car elle arriva très peu de temps après ma diarrhée verbale, pour m’aider à me relever.
Afin ne pas rester sur un échec, nous prîmes les deux vélos pour faire un aller et retour sur une partie du chemin qui devait totaliser six cents mètres. Ce furent les plus longs de toute mon existence car mon pied gauche avait tendance à s’échapper de la pédale. Je n’avais pas de cale-pieds, et je ne les aurais pas mis de toute manière. Le souvenir de la chute était devenu un garde-fou. Du fait de cette instabilité, je devais m’arrêter tous les trente mètres afin de replacer mon pied gauche sur la pédale, puis repartir. Voyant régulièrement mon pied glisser petit à petit, j’en étais arrivé à râler bruyamment, pour commander à cette satanée jambe de garder le pied stable à cet endroit. Comme nous étions en pleine campagne, le voisinage lointain ne m’entendait pas.
Il me fallut un peu plus d’une demi-heure pour clôturer ces six cents mètres à vélo. Et encore ! Heureusement que je bénéficiai des encouragements de Corinne.
« Vous savez, j’ai un ami avec qui je m’entraîne, qui a fait également un AVC… Il n’a jamais autant récupéré que quand il est remonté sur son vélo ! » m’avait-il dit.
Une phrase clé que j’ai encore gravée dans ma tête, comme dans du marbre. Le genre de phrase qui vous galvanise pour aller de l’avant. Résultat : dès le lendemain, je pris un vélo afin de tenter quelques cercles dans la cour. Je fixai même la caméra d’épaule sur son pied, pour que Corinne filme cet événement, dans le cadre du court métrage que je comptais présenter au festival « Métiers et handicap ». D’ailleurs, cette séquence montre la difficulté que j’avais à monter sur la selle du vélo. Je voulais la supprimer au montage, mais Corinne m’en avait dissuadé. Elle m’avait convaincu en me disant qu’il fallait montrer la réalité et, donc, ce type de difficulté.
Après avoir baissé la selle pour me faciliter le démarrage, Corinne fut surprise de me voir non seulement traverser la cour, mais, en plus, franchir le pas du portail puis entamer l’accès au chemin communal. Elle fut rassurée en me voyant entamer un virage pour opérer un demi-tour. Mais en effectuant cette manœuvre, je quittai son cadre visuel. Au même moment, elle entendit un râle puis une myriade de mots doux émis par ma voix qui venait de retrouver une ampleur de ténor. En réalité, l’accès au chemin communal était en légère pente et, pour une raison qui m’est encore inconnue, je dus stopper le vélo en pleine manœuvre. Or, lorsque l’on stoppe un vélo, instinctivement, on met un pied à terre. Malheureusement, je mis le mauvais pied à terre et je n’avais pas encore suffisamment de tonus pour maintenir l’équilibre. Le râle correspondait à la chute et les mots doux au constat de cette chute. Je pense que Corinne avait réalisé un bon « départ arrêté » car elle arriva très peu de temps après ma diarrhée verbale, pour m’aider à me relever.
Afin ne pas rester sur un échec, nous prîmes les deux vélos pour faire un aller et retour sur une partie du chemin qui devait totaliser six cents mètres. Ce furent les plus longs de toute mon existence car mon pied gauche avait tendance à s’échapper de la pédale. Je n’avais pas de cale-pieds, et je ne les aurais pas mis de toute manière. Le souvenir de la chute était devenu un garde-fou. Du fait de cette instabilité, je devais m’arrêter tous les trente mètres afin de replacer mon pied gauche sur la pédale, puis repartir. Voyant régulièrement mon pied glisser petit à petit, j’en étais arrivé à râler bruyamment, pour commander à cette satanée jambe de garder le pied stable à cet endroit. Comme nous étions en pleine campagne, le voisinage lointain ne m’entendait pas.
Il me fallut un peu plus d’une demi-heure pour clôturer ces six cents mètres à vélo. Et encore ! Heureusement que je bénéficiai des encouragements de Corinne.